KAHN (Louis I.) 1901-1974
Notes de Olivier Chabin, ECP 2007
Prise de vue
Figure
majeure de l’architecture dans les années 1955-1975, Louis I. Kahn, établi
à Philadelphie et actif aux États-Unis, en Inde et au Bangladesh, est perçu comme
l’architecte américain qui aurait conduit à son terme une période de l’histoire
de l’architecture, le modernisme, né de la croyance en une mission sociale de
l’architecture et de l’engouement pour de nouveaux matériaux suscité par le
développement de la société industrielle. Il s’est forgé un langage personnel
avec des projets qui s’éloignent des dogmes de l’époque, notamment celui du
style international. Il a participé aux grands débats architecturaux de son
temps : la monumentalité, l’authenticité, l’idée de communauté. Il s’est
intéressé à des recherches structurelles et géométriques qui lui permirent
d’accomplir un travail rigoureux sur le plan, l’épaisseur de la paroi et la
lumière et de réévaluer les leçons de l’histoire. Professeur d’architecture à
l’université de Pennsylvanie dès 1957, il a exprimé ses idées dans son
enseignement comme dans ses écrits avec des formules à la fois poétiques et
philosophiques. Au total, il a influencé fortement l’évolution de
l’architecture.
Les années d’apprentissage
Né
dans l’île de Saaremaa en Estonie en 1901, venu aux États-Unis avec ses parents
à l’âge de cinq ans, Louis Kahn reçoit de 1920 à 1924 un enseignement dans la
tradition Beaux-Arts, à l’université de Philadelphie, sous la direction de Paul
Cret. Cette tradition n’est plus du tout au goût du
jour lorsqu’il commence son activité professionnelle, au moment où la crise
économique de 1929 réduit considérablement l’activité du bâtiment. Kahn en
profite pour étudier et construire selon les principes du modernisme
– continuité spatiale, régularité des façades conçues comme enveloppe,
économie de la construction, fenêtres en longueur. Il s’intéresse aux nouvelles
possibilités structurelles offertes par les matériaux produits industriellement
et réalise des logements sociaux et des maisons individuelles.
Son voyage à
Rome au cours de l’hiver 1950-1951, où il est invité par l’American
Academy, signe pour lui l’acte d’une seconde
naissance. Les villes et les monuments vus et dessinés lors de ce voyage
– les places médiévales des villes italiennes, à Rome le Panthéon, les
ruines des thermes de Caracalla, à Tivoli la villa d’Hadrien, le Parthénon
d’Athènes et les pyramides d’Égypte –
changent profondément sa compréhension de l’héritage historique. Kahn, cependant,
n’est pas un architecte de la « mémoire » et encore moins un
historiciste. Il n’utilise ni colonnes, ni corniche, ni fronton. Par là, il
s’éloigne des architectes postmodernes qui cherchent délibérément à incorporer
des signes symboliques, historiques ou conventionnels dans leurs réalisations.
La recherche de la forme pure, dépouillée, archétypale caractérise son
architecture
Concepts architecturaux et réalisations
Pour
comprendre les concepts qui sous-tendent l’architecture de Kahn de 1950 à 1975,
il est nécessaire d’en énoncer les principaux thèmes – la géométrie, la
distinction des parties du plan, la structure, la lumière et les
matériaux – en les illustrant par des bâtiments emblématiques.
Une modeste
construction, les pavillons-vestiaires de la piscine
de Trenton (New Jersey, 1954-1955), joue un rôle capital dans l’œuvre de Kahn
en inaugurant une série de procédés qu’il développera par la suite : un
plan centré qui ordonne et différencie les espaces ; un élément
structurel, le pilier, qui remplit plusieurs fonctions ; le recours à la
lumière zénithale ; la composition à partir de volumes géométriques
simples et leur arrangement par répétition, imbrication et fragmentation. Avec
sa célèbre distinction entre espace servi et espace servant, il tente de
clarifier l’essence de chaque partie entrant dans la composition d’un plan.
Dès
lors, pour Kahn, le mur n’est plus seulement une enveloppe transparente et
légère, il devient grâce à son épaisseur un espace habitable, interstice tangible
entre l’intérieur et l’extérieur.
Kahn tient à
révéler d’emblée comment le bâtiment est construit : « Un bâtiment
n’existe pas tant qu’on ne voit pas comment il est fait », répète-t-il
souvent. Cette logique de la visibilité le conduit à laisser les matériaux à
l’état brut, leurs textures et leurs propriétés optiques étant les seuls
ornements de la paroi. La brique, le béton et le bois s’harmonisent entre eux
et offrent un épiderme particulier qui accroche la lumière plus intensément que
ne le ferait une surface enduite cachant toute aspérité (Kimbell
Art Museum, Fort Worth, Texas, 1966-1972).
Le plan d’eau
du Kimbell Art Museum, Fort
Worth, (Texas),
La lumière
Dès 1960, Kahn
énonce l’idée originale que la structure d’une pièce se définit par la lumière.
Au choix d’une forme, d’une technique de construction correspond un choix de
lumière. Il invente une série de dispositifs lumineux associant les fonctions
structurelles et les fonctions d’éclairement : la « colonne
creuse », le double mur parallèle, les puits de lumière.
Les matériaux
L’architecte
apprécie les qualités de résistance du béton armé et sa malléabilité, parlant à
ce sujet de pierre fondue. La mise en œuvre raffinée du béton au Salk Institute for Biological Studies à
Salk Institute
for Biological Studies
National
Assembly, Bangladesh
Sources: Encyclopédie Universalis
Encarta
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Liens à visiter :
http://intro2arch.arch.hku.hk/arch/Kahn/louis_i_kahn.htm
http://members.tripod.com/~freshness/
http://www.rochesterunitarian.org/Kahn/
http://www.upenn.edu/gsfa/archives/majorcollections/kahn/kahn.html